11-05-04
Le socialisme : monde d’abondance
L'appareil productif actuellement à la disposition de l'homme est capable de fournir une abondance de biens et de services pour la satisfaction des besoins humains. Autrement dit, on a résolu le problème de la production. On a vaincu la rareté. La plupart des gens, cependant, continue à subir, à des degrés divers, la rareté. Cette contradiction s'explique par le fait que le système de distribution, de répartition, des richesses reste toujours fondé sur l'âge de la rareté. Le système de prix-salaires-profits ne correspond plus aux exigences de la technologie.Le but de la production aujourd'hui n'est pas la satisfaction des besoins humains, mais c'est de faire des profits. « Pas de profit, pas de production » est la règle économique fondamentale d'aujourd'hui. C'est pourquoi la production s'arrête bien avant que les besoins humains soient satisfaits. Si, dans le système actuel, on utilisait l'appareil productif à sa pleine capacité il résulterait une telle abondance de richesses que les prix auraient tendance à tomber vers zéro. On ne ferait plus de profits et on ne gagnerait donc plus d'argent, ni pour entretenir ceux qui vivent des profits ni pour réinvestir dans la production. Tout simplement l'abondance tue les profits. C'est pourquoi ceux qui gèrent le système économique actuel sont obligés de faire tout ce qu'ils peuvent pour empêcher l'abondance de se manifester. Ils sont obligés de maintenir une rareté artificielle afin de préserver le profit, sans lequel le système actuel ne peut fonctionner. Il arrive qu'ils ne réussissent pas à le faire, en particulier dans le domaine de l'agriculture, et la seule « solution » est alors de détruire l'abondance : de verser du lait dans des mines désaffectées, d'enfouir des légumes dans le sol, de laisser des fruits pourrir sur les arbres. Le problème de la misère dans l'abondance est réglé en supprimant l'abondance plutôt qu'en la distribuant à ceux qui en ont besoin ! De plus, le système de prix-salaires-profits est non seulement un système de rareté artificielle, c'est aussi un système de gaspillage organisé : les biens sont fabriqués pour ne pas durer trop longtemps afin de maintenir des ventes et ainsi des profits. Les ressources du monde sont pillées en vue d'un profit immédiat. Et puis, il y a les armements...
Si la production est aujourd'hui organisée sur une base absurde, la consommation l'est également. Ici la règle fondamentale est « pas argent, pas de consommation ». Sans argent nos besoins sont ignorés si urgents qu'ils soient. La source de l'argent pour la grande majorité des gens cependant, c'est les salaires qu'ils reçoivent de la vente de leurs énergies mentales et physiques à un employeur. Le salaire est un prix et comme tout prix, il est fixé par le coût de production - dans ce cas, le coût des biens et des services que le travailleur consomme afin de se maintenir en état de travailler. Dans le système actuel la consommation de la grande majorité, c'est-à-dire, celle des travailleurs salariés (ouvriers, employés, fonctionnaires), est forcément restreinte à ce niveau. Ils sont rationnés par leur feuille de paie et de ce fait ne constituent pas un débouché assez grand pour absorber l'abondance des biens et des services que l'industrie moderne peut fournir. Cette situation est inhérente au système de prix-salaires-profits où le pouvoir d'achat clé la plupart des gens dépend du prix qu'ils reçoivent de la vente de leur force de travail.
Le système de prix-salaires-profits est irrationnel et ne sert pas l'intérêt de l'humanité. Il faut donc l'abolir. Il faut le remplacer par un système organisé sur une tout autre base, où les moyens de production seront devenus le patrimoine commun de tous. Sur cette base l'abondance virtuelle de l'industrie moderne pourra être réalisée et les besoins humains pleinement satisfaits. Il s'agira d'inventorier ces besoins, de planifier la production afin de les satisfaire, et par la suite de distribuer les biens et les services ainsi produits à ceux qui en ont besoin. L'économie d’échange disparaîtra, et avec elle l'argent, les prix, les salaires et les profits. Les hommes et les femmes participeront au travail de production de l'abondance, une abondance à laquelle, ce devoir social rempli, ils auront le libre accès selon leurs besoins in dividuels. Le principe socialiste « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » pourra être rapidement appliqué.
Avec le vrai socialisme tel que nous venons de le décrire l'humanité passera de l'âge de la rareté à l'âge de l'abondance. Le problème de la distribution sera à son tour résolu. Le privilège cédera la place à l'égalité,la privation au confort, et l'insécurité à la sécurité.